Pour ne pas oublier un des premiers habitants
des quartiers sud d’Avignon
Le Capitaine Pierre de Jolyjean
Dans « Avignon hors les murs », Robert Bailly s’intéresse à la ferme Joli Jean, qui porte ce nom depuis 500 ans à présent, le nom de celui qui posséda sur ces terres un « hermas » où il planta des vignes et fit construire une bastide. Nous pouvons donc estimer que le Capitaine Pierre de Jollyjehan a été un des premiers à venir « urbaniser » les quartiers sud d’Avignon.
En 1594, il paye « le cense de sa bastide avec ses tenemens de trante deux eyminées qu’il a en coupe d’or se mouvans de la directe de la maison commune et arréages pour vingt six années », soit à partir de 1568.
Nous savons qu’il était marié à Françoise Bres[1], avec laquelle il a eu 8 enfants entre 1566 et 1580. Celle-ci se déclare veuve en 1609. Selon les textes, il est qualifié d’Ecuyer ou de Capitaine.
En 1569, il montre des aptitudes dans les travaux d’endiguement du Rhône et de la Durance. Il sert fidèlement la ville pendant les guerres de religion, au cours desquelles il va s’opposer aux exactions des troupes italiennes envoyées par les Papes pour protéger Avignon et le Comtat. Les soldats italiens rançonnent régulièrement la population avignonnaise. Suite à son intervention pour protéger les habitants, Joly Jean se mesure en duel avec le colonel italien Ludovico et il reçoit un sérieux coup d’épée. En reconnaissance, la ville lui octroie des subsistes pour se soigner et soutenir une action en justice contre le colonel (1583-1584). Avignon écrira même au Pape pour « l’advertir du faict à sa verite et lui envoyer si besoin les informations traduictes en langue latine ou ytalienne ».
En 1580, il est Capitaine de la porte l’Imbert, puis de la porte St Lazare, où il habite de 1585 à 1598.
En 1780, Cassini notera la bastide sur sa carte de la Provence. Sur le cadastre de 1820, la rue de La Garance s’appelle le chemin du Montoir de Joli Jean.
Ce nom restera présent sur les cartes et plans d’Avignon jusqu’à ces dernières années, où il va laisser la place aux nouveaux noms de rue issus des lotissements qui se construisent à présent. En 2010, l’Association Collectif Avignon sud propose de garder la mémoire du Capitaine, en donnant son nom à l’éco-quartier d’Avignon sud.
Références :
Avignon Hors les murs – Robert Bailly
Archives départementales : Bulletin Archéologique de Vaucluse – 1879 et 1880
Médiathèque Ceccano – Manuscrit n° 3396
Archives Municipales – Délibération du Conseil de Ville – BB 20
« Cassini.ehess.fr » pour la carte sur internet