Histoire du Moulin de Notre Dame


LE MOULIN DE NOTRE DAME


Quand Guillaume Puy et quatre autres propriétaires de terres au sud d’Avignon obtiennent, par décret du 4 juin 1806, l’autorisation d’établir un canal d’irrigation pour leur propriété au sud d’Avignon, l’article trois du décret précise à leur demande : « Il ne pourra être établi sur le canal d’irrigation aucune espèce d’usine ».
 
Il s’agit d’empêcher que les propriétaires en amont retiennent les eaux nécessaires à l’arrosage des terres en aval.
Effrayés par le montant de la dépense nécessaire pour le creusement du canal (prévisions : 26 000 F), les quatre autres propriétaires se retirent en faveur de Monsieur PUY qui en assume seul la dépense.
En 1812, celui-ci demande l’abrogation de cette interdiction, argumentant sur le fait qu’elle n’a plus lieu d’être puisqu’il est le seul propriétaire du canal. Par ordonnance du 27 novembre 1816, il obtient cette abrogation et l’autorisation d’établir 3 chutes d’eau de 1 m, pour installer « des moulins à farine, à moudre la garance et à filer la soie ». Guillaume Puy décède en 1820 sans avoir donné suite à ce projet.

L’affaire est relancée par le Marquis de Cambis d’Orsan, gendre de Guillaume Puy. Il a épousé sa fille unique, Antoinette Puy, en 1809. Il demande l’autorisation d’établir une seule chute d’eau pour un seul moulin à farine, mais avec une chute de 3.25 m. Cette autorisation est accordée par ordonnance du 28 mars 1828.

Daté du 15 octobre 1830, le Rapport d’Inspection de l’ingénieur des Ponts et Chaussées précise :
 "Le Moulin est en pleine activité.
La chute qui le fait mouvoir est de trois mètres vingt centimètres.
A côté du moulin et sur le canal alimentaire, il a été construit un déversoir ayant quatre mètres de largeur, avec une vanne de décharge ayant quatre vingt centimètres de large sur un mètre dix de hauteur.
Le sommet de la vanne, ainsi que le dessus du déversoir sont arasés au niveau de l’avant-...; construit au devant du mur où sont pratiquées les vannes de prise d’eau.
Le chemin de Ramatuel est rehaussé de plus de cinquante centimètres au-dessus de la surface de l’eau, dans le fuyant du moulin et sur toute la longueur où il est bordé par le fuyant."

Auguste de Cambis décède en 1860, après son épouse, Antoinette de Puy (1833) et leurs deux fils, décédés relativement jeunes et sans héritiers.
Le canal Puy et le Moulin de Notre-Dame reviennent alors à son neveu, Charles de Cambis d’Alais d’Orsan. Celui-ci est le fils de Henriette de Cambis d’Orsan, marié à un membre d’une autre branche de la famille de Cambis, Joseph-Gabriel de Cambis d’Alais.
Charles de Cambis décède en 1866 en léguant le canal et le moulin à sa fille, Anne de Cambis-Alais, épouse de Charles Siffrein, Marquis des Isnards.

En 1866, les cours d’eau du Vaucluse connaissent de terribles crues. En Durance «les vagues étaient soulevées à 1 m de hauteur, elles battaient le tablier du Pont de Rognonas ».
La prise d’eau du Canal Puy est obstruée, l’eau qu’il transporte suffit à peine à l’arrosage, le moulin est définitivement abandonné. Il a tourné pendant 56 ans.

A la fin du 19° siècle, suite à la mise en service du PLM, le maraîchage s’est développé, et les agriculteurs ont besoin de plus en plus d’irrigation. Ils se sont organisés dans L’Association Syndicale Libre des Arrosants du Canal Puy, et achètent le Canal et le Moulin de Notre Dame le 2 avril 1921.

L’acte de vente précise au sujet du moulin : « Madame des Isnards vend aux acquéreurs l’immeuble connu sous le nom de Moulin de Notre Dame, situé également territoire d’Avignon, quartier de coupe d’Or et inscrit sous le n° 322bis, section X du plan cadastral. Bien entendu et convenu que ledit immeuble, après avoir été précédemment à usage de moulin et usine, est actuellement sans utilisation industrielle, dépourvu de tout agencement mécanique extérieur et intérieur et que par conséquent la vente est faite seulement des bâtiments nus. »

Depuis ces 100 dernières années, le moulin a accueilli de multiples activités :
  • Etable
  • Atelier pour cours de mécaniques
  • Maison du garde du canal
  • Permanence du Crédit Agricole, du Syndicat des Maraîchers
  • Répétition du Groupe Folklorique
  • Lotos
  • et bien d’autres....

En 1975, la Municipalité d’Avignon signe un bail emphytéotique avec l’Association Syndicale Libre des Arrosants du Canal Puy et effectue des travaux de consolidation. Seule une petite salle de réunion sera achevée.